Avec la disparition progressive de la stéréoscopie (masques VR style Oculus, ou encore les lunettes aux verres rouges et verts dans les cinémas), les hologrammes semblent être une évolution naturelle, promis à un bel avenir, même si le chemin pour qu’ils puissent être à la portée de tous les producteurs d’images et exploités dans vos films d’entreprise ou communications vidéo semble encore long… Voici où nous en sommes en 2022.
Introduction à l’holographie
Des techniques de compression plus efficaces et des chaînes de traitement plus rapides comme la 5G, préparent le terrain pour ces procédés de vidéo 360˚ très gourmands en ressources.
Enregistrer la volumétrie d’une scène (pour créer des hologrammes) est une chose très différente de la capture de mouvements classique, bien que ces deux techniques reposent sur des mesures de la profondeur. Pour les captures de mouvements, un sujet doit porter une combinaison couverte de capteurs, tandis que pour l’enregistrement volumétrique on capture tout ce qui se trouve dans une zone physique définie, ce qui a pour effet de produire des nuages de points ou un maillage de polygones 3D. Dans les deux cas, c’est ensuite aux spécialistes des effets VFX de gérer les rendus.
Mais il y a une autre différence de taille : là où pour la stéréoscopie on a besoin de 2 caméras, pour un enregistrement volumétrique il en faut généralement plus de 100 et des capacités de stockage immenses.
Les avancées de la vidéo volumétrique
Comme vous vous en doutez, produire des hologrammes n’est pas encore vraiment dans les cordes de l’industrie du divertissement, cependant on peut noter l’utilisation de plus en plus courante d’hologrammes dans les films, publicités ou clips vidéo. Voici quelques exemples :
Les membres du groupe ABBA (ou plutôt leurs avatars) ont offert un concert holographique à leurs fans. Expérience tant excitante qu'effrayante pour moi. Culte de la jeunesse éternelle et recherche du corps parfait... Un pas décisif vers le transhumanisme ?
En 2019, Madonna aux Billboard Music Awards
Bande annonce du film « Demonic », de Neill Blomkamp
Promotion des écouteurs Galaxy de Samsung, par Charli XCX
En 2017, Barbie a présenté « Hello Barbie Hologram ». Une boîte contenant une projection animée de la petite poupée et avec laquelle les petites filles peuvent interagir.
Dans le monde des médias, la volumétrie promet également d'améliorer l'efficacité des canaux de postproduction en simplifiant le processus de capture et d'animation. Double d’un acteur, performances d’un athlète, ou simplement garde-robe d'une star, tout peut facilement être capturé et reproduit en adoptant ce même processus. Ces données peuvent être utilisées pour de la prévisualisation, ou dans un moteur de jeu tels que Unreal ou Unity.
Arcturus, producteur de logiciels d'édition et d'encodage d'hologrammes, a comparé les coûts, moyens et temps de production, entre la capture volumétrique et la production d’effets spéciaux plus traditionnelle (VFX CG). Pour la création de personnages, l'utilisation d'effets spéciaux dits traditionnels, peut prendre entre 10 et 60 jours pour les plus gros films, nécessite 10 à 20 artistes, pour un budget de 70 000 $. Pour une vidéo volumétrique, cela peut prendre moins de 24 heures, nécessite 2 à 3 personnes, pour un budget de 15 000 $...
L’automatisation des enregistrements volumétriques permet donc des coûts bien moindres, même si l’investissement au départ est bien plus élevé.
Produire des vidéos volumétriques aujourd’hui
Vous avez peut-être déjà expérimenté la vidéo volumétrique sans même le savoir. Pour ceux qui ont une XBOX, Microsoft a sorti en 2010 un accessoire appelé Kinect. Tous vos mouvements étaient enregistrés par une caméra et vous dispensaient d’utiliser un contrôleur classique. Les capteurs de la caméra produisaient des nuages de points, pour représenter votre personnage en 20 points. Aujourd’hui cette technologie est utilisée dans diverses industries telles que la santé ou même la location de voitures aux États-Unis. Dans le second cas, des caméras scannent les voitures afin de vérifier tout dommage éventuel ; pas possible de rater la moindre bosse !
LiDAR est une méthode de numérisation laser utilisée pour capturer des paysages ou des bâtiments afin de créer des numérisations 3D et des « depth maps », cartes de profondeur. Des nuages de points 3D sont produits, chacun étant représenté dans l'espace. Si vous comparez les pixels du LiDAR aux pixels 2D classiques, le capteur de profondeur ajoute les informations Z aux coordonnées X et Y.
Méthode LiDAR
La photogrammétrie est une autre possibilité. Plusieurs photos d'un sujet sont prises sous différents angles et assemblées par des algorithmes de calcul pour générer des modèles 3D.
Les caméras Lightfield utilisent également des micro-lentilles pour ensuite tout manipuler très simplement.
Conclusion
Pour la plupart d’entre nous, regarder ou produire des films en 2D est très satisfaisant, car il faut bien reconnaître que la stéréographie n’a pas été un franc succès. Sommes-nous simplement nostalgiques du cinéma des frères Lumière et d’une image plate ? Est-on dans l’attente d’une vraie révolution pour passer à autre chose ? La vidéo volumétrique, représente-t-elle l’avenir… ? Combien de temps avant qu'elle ne devienne un dispositif narratif grand public ?
Selon des recherches récentes menées par Arcturus, qui produit des logiciels pour capturer, encoder et distribuer des vidéos volumétriques, le nombre de studios de capture volumétrique a augmenté de 45 % de janvier 2021 à décembre 2021. La même société pense que la valeur du marché pour la technologie pourrait approcher les 5 milliards de dollars d'ici 2026, donc l’avenir nous dira si cette technologie va s’imposer et révolutionner nos vies…
Comments